Energies renouvelables : La Tunisie à la traîne, malgré un fort potentiel

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Energies renouvelables : La Tunisie à la traîne, malgré un fort potentiel

Après Lyon l’an dernier, la deuxième édition du Forum sur les énergies renouvelables a eu lieu ce jeudi à Tunis. Organisé conjointement par la STEG et le réseau d’affaires ASTRA (Association pour la promotion des relations économiques tuniso-rhônalpines), cet évènement a réuni les principaux acteurs du secteur des ENR : entreprises, ministère, experts ou encore opérateurs bancaires, ils étaient nombreux à s’être déplacés afin de mieux connaître les enjeux et défis du secteur en Tunisie.

Les énergies renouvelables en sont encore à leurs premiers balbutiements en Tunisie. « Au niveau des pouvoirs publics, nous avons commencé à en parler en 2016. Les premiers appels à projets ont été lancés en 2017 » affirme Belhassen Chiboub, le directeur général de l’électricité et des énergies renouvelables au ministère de l’Industrie. En effet, aujourd’hui, les ENR ne constituent que 3% de la production d’énergie du pays. Le reste étant assuré par les énergies fossiles comme le gaz, qui plus est totalement importé. Un coût important qui porte le déficit énergétique à 50% de la balance commerciale en 2018.

La transition énergétique fera gagner à la Tunisie 600 MD/ an
La transition énergétique apparaît donc comme une nécessité et non plus comme un choix. D’après Moncef Harrabi, PDG de la STEG, « cela pourrait constituer une économie de 600 millions de dinars par an ».
Depuis 2015, le ministère de l’industrie et la STEG ont mis en place une politique de transition énergétique. Plusieurs lois et textes réglementaires concernant la production d’électricité à partir des énergies renouvelables ont été adoptés. Un Fond de transition énergétique a également été créé afin de faciliter l’investissement.

« Nous devons viser l’indépendance énergétique », martèle Moncef Harrabi. « Pour l’instant, l’objectif serait d’atteindre 30% d’ENR dans le mix énergétique à l’horizon 2030 », ajoute-t-il.

Pour ce faire, des objectifs à court et long termes ont été fixés. Sur le court terme, la Tunisie projette d’atteindre une capacité additionnelle de l’ordre de 1 900 MW vers 2021 dans les différents régimes (concessions, autorisations, autoproduction et réalisations de la STEG).

D’après Riadh Berjab, directeur général de l’Agence Nationale pour la Maîtrise de l’Energie (ANME), « le coût d’investissement de ce programme est de l’ordre de 6 milliards de dinars ».Il ajoute que « le point fort de ce programme c’est qu’il sera réalisé à travers des investissements privés à hauteur de 80%, ce qui permettra de soulager les finances publiques et de dynamiser le secteur privé ». Il a par ailleurs, affirmé qu’un programme prioritaire d’efficacité énergétique a été approuvé par le gouvernement permettant des investissements de l’ordre de 2 milliards de dinars sur 5 ans pour un potentiel d’économie d’énergie de 1 000 GWh par an.

Si la Tunisie a été pionnière en Afrique dans l’éolien, l’énergie solaire (plus rentable) traîne un peu. La première réalisation dans ce domaine verra le jour dans quelques semaines. En effet, avec plus de 7 mois de retard, la centrale photovoltaïque de Tozeur sera inaugurée en juillet prochain, a confié le PDG de la STEG à GnetNews. « Nous avons eu quelques difficultés avec le constructeur. Nous avons dû créer un consortium afin de trouver une solution et cela a provoqué un retard. Le montage est prêt. Il ne reste plus que la mise en service ». Construite sur 20 hectares de désert, la centrale, première du genre en Tunisie, aura une capacité de production de 10 mégawatts et permettra d’éviter la consommation de près de 3.4 tonnes de gaz naturel.

A noter que la Tunisie dispose en moyenne de 33.000 heures de soleil par an.

La mise en service de la centrale de Tozeur intervient trois ans après celle de Ouarzazate au Maroc, inaugurée en 2016. La station Noor, constitue l’une des plus puissantes centrales du monde avec une capacité de 2000 mégawatts d’ici 2020. « A l’époque il y avait le projet de construire une centrale au Maroc et en Tunisie à Gabès. Mais malheureusement les bailleurs de fonds nous imposaient un investissement de l’Etat de 120 millions d’euros. Le Maroc a pu mais pas nous. La priorité a été donnée aux problèmes sociaux », nous explique Moncef Harrabi.

D’autres projets sont en cours à la STEG, comme la mise en service de 430.000 compteurs intelligents dans le gouvernorat de Sfax grâce à un financement de 131 millions d’euros alloué par l’Agence Française de Développement. Un dispositif qui devrait ensuite s’étendre à tout le pays.

Wissal Ayadi

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